Conques ne se trouve à l'est du Haut Quercy, au nord de l’Aveyron, aux escarpements de la haute vallée du Lot. Conques doit son origine à un ermite, un certain Dadon qui se serait retiré, à la fin du VIIIe siècle, en ce lieu sauvage, pour y mener une vie contemplative. D’autres hommes plein de piété le rejoignirent. La communauté pieuse s'accrut peu à peu, une église dédiée au saint Sauveur fut élevée dans ce lieu et le monastère adopta la règle de saint Benoît.
Deux siècles plus tard, après l'an 1000, le Livre des miracles de Sainte-Foy révèle l'existence d'une « cité importante, assise sur la colline au-dessus du monastère ».Le monastère était alors devenu un pôle d'attraction pour les habitants de la région, ses moines offrant un marché appréciable. À la même époque, grâce à la découverte du tombeau de l'apôtre saint Jacques, Compostelle commençait à supplanter les autres grands lieux de pèlerinage du monde chrétien. La notoriété des miracles de sainte Foy était alors suffisante pour que Conques soit choisie comme ville d'étape sur l'un des quatre grands chemins français, celui qui partait du Puy-en-Velay.
La grande période de Conques, du milieu du XIᵉ au premier tiers du XIIᵉ siècle, correspond à celle de la construction de l'abbatiale. Sous l'impulsion de l'abbé Bégon III (1087-1107) en particulier, le monastère Sainte-Foy parvint à son apogée.
La tendance commerciale née du pèlerinage, avec sa clientèle sans cesse renouvelée, encourageait l'établissement et les pèlerinages, avec les donations ou les offrandes allant de pair, apportaient à l'abbaye conquoise la puissance et la richesse, et donc, les conditions de son rayonnement artistique.
L'hospitalité payante chez le particulier ou l'aubergiste est aussi devenu une autre source de profit, car les religieux ne peuvent certainement pas assurer la nourriture et l'hébergement de tous les pèlerins. La rue dite de « la Mounedo » (la monnaie) conserve sans doute le souvenir des changeurs et autres prêteurs à gage qui y tenaient boutique, tandis que les cordonniers se regroupaient au-delà de la Porte de la Vinzelle.
Les moines bénédictins installent des tenanciers sur les terres reçues en donation. Et, en redistribuant une part des offrandes des pèlerins, ils attirent à eux tous les miséreux. Aussi les mendiants sont-ils légion à Conques. Enfin, dans la deuxième moitié du XIIᵉ siècle, l'ouverture presque simultanée des grands chantiers de construction de l'abbatiale, du cloître et des bâtiments conventuels, des remparts de la ville, provoque un appel de main-d'oeuvre considérable.
En 1341, Conques comptait 730 « feux », c'est-à-dire 3000 habitants environ, et se plaçait au septième rang parmi les villes du Rouergue. Il ne s'agit pas d'un simple village, mais d'une agglomération à caractère urbain, avec ses remparts, ses institutions municipales - quatre consuls renouvelables tous les ans - et ses activités commerciales variées. A la fin du Moyen Age, il semble même que la fonction de marché régional vienne relayer l'apport des pèlerinages, maintenant sur le déclin. Le roi Charles VII autorise l'établissement de foires annuelles et d'un marché hebdomadaire. La halle, avec ses mesures à grains encastrées dans le mur, subsistera jusqu'à la fin du XIXᵉ siècle. Depuis 1326 il existe un poids public pour les blés portés aux moulins de l'Ouche et du Dourdou. Et les consuls consacrent les revenus du droit de pesée à l'entretien des chemins et des ponts.
Mais bientôt arrive le temps des malheurs ; famines et épidémies, succédés par une incendie allumé par les protestants en 1568 qui a détruit une partie du bourg. La peste de 1628 fut tout particulièrement meurtrière ; les habitants, pris de panique, vont chercher refuge dans les séchoirs à châtaignes, au milieu des bois. Ensuite, une série de mauvaises récoltes déclenche une nouvelle vague de mortalité, en 1693-1694 notamment, comme en témoigne le registre paroissial. Les chanoines doivent venir, alors, au secours des affamés par des distributions gratuites de fèves.
Au milieu du XVIIIᵉ siècle, ses habitants sont moins d'un millier; à la veille de la Révolution de 1789, six cent trente. Les vignerons, simples ouvriers agricoles et les mendiants constituent maintenant la plus grande part de la population.
La Révolution de 1789 supprime le chapitre et disperse les chanoines. Les pièces d'orfèvrerie du Trésor sont alors cachées par les habitants dans leurs maisons ou dans les séchoirs à châtaignes des environs. Avec le rétablissement de la paix religieuse par Bonaparte, les objets sont scrupuleusement restitués. Les chanoines assuraient à leurs frais l'entretien de leur église, mais après leur départ, la municipalité de Conques, faute de moyens financiers suffisants, se contente de déplorer désormais le triste état d'abandon de l'édifice.
Le XIXᵉ siècle voit s'accélérer la décadence. C'est alors que Conques tombe au rang de simple village. Menacé d'effondrement par manque d'entretien, il est sauvé "in extremis" à partir de 1837 grâce au premier inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée. Après l'installation des pères prémontrés à Conques en 1873, un grand programme de restauration est mis en oeuvre. Depuis cent cinquante ans, l'administration des Monuments historiques a poursuivi l'oeuvre de sauvegarde et de mise en valeur de ce patrimoine prestigieux.
À nos jours la foule des touristes a pris la relève de celle des pèlerins sur le parvis de l'église ou autour de la Majesté d'or de sainte Foy. Les motivations ne sont plus les mêmes, mais le décor, lui, n'a pas changé.
L'abbatiale et le cloître, qui renferment tant de richesses, se trouvent à leur tour enchâssés au milieu d'un village et d'un site exceptionnels. À la différence de Saint-Sernin de Toulouse et de tant d'autres églises urbaines, Sainte-Foy bénéficie de l'environnement d'un bourg médiéval qui, avec ses ruelles pavées, ses fontaines romanes, son four banal même, a su garder son authenticité, les maisons à pans de bois coiffées de leurs hautes toitures de schiste argenté, l'ancien hospice des pèlerins, le château d'Humière, se pressent toujours autour de l'église et forment avec elle un ensemble indissociable.
Comme les pèlerins de Compostelle, les touristes modernes ont encore le privilège de franchir les portes de la ville, ouvertes dans l'enceinte de remparts assez bien conservés. Au-dela de la porte du Barry - c'est-à-dire du Faubourg - ils dévaleront la pente de la rue Charlemagne bordée de vieilles demeures jusqu'au pont "romain" en dos d'âne qui enjambe le Dourdou, en direction d'Aubin. Par la porte de la Vinzelle, d'où s'échappait le chemin de Figeac, ils pourront monter au plus haut des remparts dominant l'église et le village.